Patrick de Funès
Radiologue français (fils de l'acteur Louis de Funès)
(1944)
Médecin malgré moi
Je suis le fils d'un grand acteur. Mon père, persuadé que le talent était un don du ciel, évitait de critiquer
les comédiens qui en avaient moins que lui. Il gardait ses flèches pour les amateurs qui jouent un personnage dans la
vie en vue de berner les braves gens.
Devant le poste de télévision, tel un animal qui apprend à ses petits à sentir le danger, il nous aidait, mon
frère Olivier et moi, à débusquer l'illusionniste : un intellectuel bien nourri pleurant sur la famine au Sahel ; un
acteur vantant les mérites du communisme au milieu de ses domestiques ; un chirurgien se prenant pour un héros après
avoir greffé un coeur, alors que la seule vie en jeu était celle de son malade.
Depuis, ces truqueurs se sont multipliés aussi vite que les chaînes du câble : un cuisinier herborise au lieu d'être
à ses fourneaux ; après une visite au pape, un pétomane se prend pour l'archevêque de Paris ; une poupée Barbie sur
le retour se prend pour Joséphine Baker, etc.
Sur 211 000 médecins français, je pose 40 000 imbéciles.
J'ignore les gynécologues, grands prédateurs d'utérus. Je raye les radiologues de ville qui n'y connaissent rien et
les chirurgiens massacreurs. Par respect pour la sensibilité du lecteur, je m'abstiendrai de tout commentaire sur les
médecins du travail. Je vire une bonne moitié des psychiatres. Je me débarrasse des liposuceurs, des nutritionnistes et
des membres du conseil de l'ordre. J'élimine enfin les professeurs médaillés qui nous terrorisent à la télévision.
J'en retiens 100 234.
Médecin malgré moi
L'ordre [des médecins] garde à sa disposition tout un arsenal d'articles pour tenir ses ouailles en laisse et s'en
débarrasser à tout moment. Il ne juge pas utile de s'intéresser aux erreurs médicales. Braves gens, qui vous retrouvez amputés
du mauvais bras, inutile de glisser la moindre plainte dans la bocca di leone, aucune suite n'y serait donnée. Les
membres de cette vénérable institution, qui, en général, ne brillent pas par leur savoir, seraient bien en peine d'apprécier une
erreur technique qu'il comettent eux-mêmes tous les jours. Le tout, à leur yeux, est d'y mettre les formes. Dans La Grande
Vadrouille, Colette Brosset se disait « très à cheval sur la literie » ; l'ordre, lui, est très à cheval sur la manière.
Ainsi, un chirurgien qui découpe le mauvais sein ne sera pas inquiété, s'il sait se montrer suffisamment navré de sa méprise.
Extrait de son blogue. Billet du lundi 2 mars 2009.
Le plus navrant est la perte de tous repères.
Il suffit de jeter un œil sur les personnalités préférées des Français.
Quelques abrutis dont le cerveau s’est atrophié au rythme du développement de leurs biceps.
Souvent des truqueurs, des faiseurs.
Le cas Kouchner est désopilant.
Cet homme vénéré de la masse populaire est, par ses attitudes, sa façon de parler, le prototype du snob invétéré.
S’il y en a un qui a pris le ton des lambris dorés, c’est bien lui.
Comment voulez-vous, que les chercheurs, les grands écrivains, les vrais philosophes (pas les Bernard Lévy) ne se
sentent pas humiliés.
Le vrai mérite indispose.
Un exemple ici même ? dans ce blog ? un commentaire « très Yannick Noah ».
Sur Huysmans et Léautaud.
Au moins celle-là a le mérite de se « casser » ne lisant que des traductions étrangères.
http://www.meilleures-citations.com/