Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau
Au final, j'aurai fait preuve en toutes circonstances d'une certaine somme d'indifférence et d'élégance. Ainsi
je me rappelle la fois où les agents du FBI me tannèrent le cuir après m'avoir fait monter dans leur voiture.
«MERDE, ALORS, CE CONNARD NOUS LA JOUE DEDAIGNEUSE !», s'était emporté l'un d'entre eux. Je ne leur avais pas, il est
vrai, demandé pourquoi ils m'avaient arrêté ni où ils me conduisaient. «VOUS GOUREZ PAS, leur avais-je alors dit, je
crève de peur.» Ils s'en étaient sur-le-champ trouvés ragaillardis. Pourtant, c'était assez simple, ils me
paraissaient avoir débarqué d'une autre planète. Et je voyais mal comment établir le contact. Pour étrange que cela
soit, leur présence ne me faisait ni chaud ni froid. Petite précision, mon comportement n'était étrange qu'au regard de
la règle commune, pas selon mes critères. Je ne voyais que leurs mains, leurs pieds et leurs visages. Ce qu'ils avaient
derrière la tête, je m'en tamponnais. Je n'ai jamais placé mes espoirs dans la raison ou dans la justice. Jamais, au
grand jamais. Peut-être cela explique-t-il pourquoi je me suis toujours gardé d'écrire des livres à thèse. Pour moi,
la communauté tout entière est frappée de non-sens, et personne n'y changera quoi que ce soit. On perd son temps à
vouloir bonifier quelque chose d'aussi stérile. Ces tordus du FBI, en cherchant à me filer les foies, ne faisaient que
se plier à la logique de leur fonction.
Comment je vois le monde
Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton.