Cité par Platon dans La république, VIII, 562b-563e
Socrate : Le père s'habitue à devoir traiter son fils d'égal à égal et à craindre ses enfants, le fils
s'égale à son père, n'a plus honte de rien et ne craint plus ses parents, parce qu'il veut être libre ; le métèque s'égale au
citoyen et le citoyen au métèque, et la même chose pour l'étranger.
Adimante : C'est bien ce qui se passe.
Socrate : À tout cela s'ajoutent encore ces petits inconvénients : le professeur, dans un tel cas, craint
ses élèves et les flatte, les élèves n'ont cure de leurs professeurs, pas plus que de tous ceux qui s'occupent d'eux ; et, pour
tout dire, les jeunes imitent les anciens et s'opposent violemment à eux en paroles et en actes, tandis que les anciens,
s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître
désagréables et despotiques. Et le résultat de tous ces abus accumulés, tu le conçois, c'est qu'ils rendent l'âme des citoyens
si délicate qu'à l'approche de la moindre apparence de servitude, ils s'irritent et ne peuvent le supporter. Et tu sais bien
qu'au bout du compte, ils n'ont plus cure des lois écrites ou non écrites afin de n'avoir jamais nulle part à supporter de
maître.
Adimante : Ô combien je le sais !
Socrate : Eh bien, mon très cher, tel est le beau et vigoureux commencement duquel naît la tyrannie, ce
me semble.